Imaginez: la journée se termine et vous rêvez d'un moment de pur bonheur. Vous saisissez un cigare, l'allumez d'un geste délicat, et une première bouffée de parfums s'épanouit aussitôt. Une fumée chaude s'élève, terreuse, épicée, peut-être avec une subtile touche de douceur. Le cigare dévoile ses mille et une facettes à chaque bouffée: une symphonie d'arômes se dévoile, tantôt audacieuse, tantôt délicate, pour une expérience gustative d'une profondeur inoubliable. On comprend tout de suite que le bon cigare n’est pas que du tabac lorsqu’on le savoure: c'est le fruit d'une expérience, d'une sensibilité et d'une tradition ancestrale.

Mais qui est l'artisan de ce chef-d'œuvre orchestré, qui captive les amateurs de cigares du monde entier? Derrière chaque instant de pur plaisir se cache le Master Blender, un véritable magicien du tabac, un artiste de la saveur. Laissez-nous vous faire découvrir, aujourd’hui, un véritable «virtuose du tabac»! Nous avons eu le plaisir d'accueillir le Master Blender Yasserth Reyes, venu du Nicaragua, à Pfeffikon. Il nous a dévoilé les secrets de son apprentissage de ce métier exigeant et la fierté qui l'anime au cours de cet entretien.

Interview Yasserth Reyes und Nadine

Une question nous brûle déjà les lèvres: qu'est-ce qu'un Master Blender, au juste? Qu'est-ce qui te passionne dans ton métier?

Yasserth Reyes: Une question qui ouvre la voie à de belles découvertes! Pour moi, le métier de Master Blender se déploie sur deux horizons passionnants: la responsabilité, en tant que travailleur et en tant qu'entreprise, de veiller à ce que ce que l'on crée soit une réussite éclatante et la passion que l'on met au service des attentes de nos clients. Un Master Blender se glisse dans la peau du consommateur, pour que chaque assemblage soit une quête de perfection. Il sait qu'il existe un cigare parfait pour chaque instant et pour chaque passionné. Le Master Blender est l'artisan qui, avec savoir-faire, patience et surtout une passion dévorante, marie le tabac pour créer des saveurs qui touchent l'âme de ceux qui les apprécient. Il rêve de créer un mélange si exceptionnel qu'il en fera profiter un maximum de personnes. C'est une immense fierté de savoir que ce que l'on crée apporte de la joie aux autres et peut-être encore plus de les entendre, un jour, s'exclamer: «Quel cigare exceptionnel!»

Comment as-tu découvert l'univers des cigares?
Je venais de quitter le lycée, l'esprit encore frais et plein d'enthousiasme pour l'avenir. Mes proches étaient plongés dans l'art de la fabrication de cigares. J'étais captivé par la question de savoir ce qui se cache réellement derrière le tabac. Quand je voyais mes proches à l'œuvre et que je les interrogeais, personne ne semblait en mesure de me dévoiler le mystère. J'ai alors décidé de me lancer à la découverte, de percer le mystère par moi-même. C'est ainsi que tout a commencé et c'est ce qui m'a irrésistiblement attiré vers le monde des cigares.
J’ai dû, lors de ma visite dans une fabrique de cigares, me plonger dans un univers de tabacs et de blends, une véritable exploration gustative pour saisir l'essence de ce monde fascinant. C'est la curiosité qui m'a ouvert les portes du monde des cigares. Et cette curiosité me suit encore aujourd'hui, car chaque endroit offre une nouvelle leçon de vie.

Comment ton aventure professionnelle a-t-elle pris son envol?
À l'époque, je me suis lancé dans la recherche d'un emploi pour compléter mes études. À Estelí, le cœur battant de la production de cigares nicaraguayens, j'ai frappé trois fois à la porte d'une usine, espérant décrocher un apprentissage, mais la chance ne m'a pas souri. Les opportunités d'emploi se faisaient rares à l’époque. 

Mais je n'ai pas baissé les bras car mon désir de trouver un emploi était plus fort que tout, et puis j'étais curieux de découvrir les secrets du tabac. J'ai par la suite eu une conversation avec une famille que je connaissais, qui m'a ensuite fait une lettre de recommandation, ouvrant ainsi la porte à mon apprentissage.
J'ai pu directement me lancer dans la production après environ un mois. Je me souviens encore, comme si c'était hier, de mon tout premier salaire hebdomadaire, un dollar, peut-être même moins, une petite somme qui a ouvert la voie à de grandes aventures. Mais cela ne m'a pas découragé.
J'ai ensuite avancé, pas à pas, comme si chaque étape était une nouvelle aventure. J'ai eu l'occasion de travailler comme Bonchero (Buncher: enroule la tripe et la sous-cape en Bunch, ou bouquet), dans la préparation du tabac et même dans les Pilones (piles de fermentation). Une fois ma formation achevée, je me suis lancé dans l'univers passionnant de la gestion de la qualité et du développement produit. Chez Joya de Nicaragua, la plus ancienne manufacture du Nicaragua, j'ai eu l'occasion de découvrir toutes les facettes de l'artisanat. C'est surtout le contrôle qualité qui m'a ouvert de nombreuses portes et horizons.
J'ai également eu l'occasion de guider des équipes, pour ensuite me lancer dans la création de mes propres blends, en collaboration avec mes collègues. Cette aventure m'a mené tout droit chez VILLIGER de Nicaragua.

Quel parcours incroyable, n'est-ce pas?
Oui, mon parcours a, jusqu'ici, été une aventure de 20 ans que j’ai commencée à l'âge de 17 ans.
Au Nicaragua, l'école prend fin à l’âge de 16 ans suite à quoi j'ai plongé dans le monde des affaires, avant de me passionner pour les rouages de la finance. Pendant mes études, je travaillais et nous fabriquions des cigares. Après une parenthèse dans un autre univers, je suis revenu en 2016 pour me consacrer à nouveau à l'industrie du tabac, avec une passion renouvelée.

As-tu eu un mentor, ou une personne qui a laissé une empreinte indélébile sur ton parcours?
Autrefois, je pensais pouvoir le définir avec une clarté limpide. Mais tel n’est pas le cas dans l'univers du tabac, parce que chaque rencontre y est une source d'inspiration. 
Ce n'est pas une seule personne qui façonne votre identité. Car au fond, c'est la curiosité qui doit être le moteur de votre quête. Le tabac n’est pas expliqué pas dans un livre. Rien ne prend vie sans émotion. Chacun partage ses connaissances, mais toujours dans ses propres limites. C’est à toi de puiser la sagesse de chaque rencontre.
Chaque cigare, qu'il soit né en République dominicaine, à Cuba ou au Nicaragua, est une œuvre d'art qui mérite le plus grand respect. Chacun s'investit avec passion, même si chaque région cultive son propre style. 
Et dans l'art du tabac, bien que la plante semble mourir à la coupe, on découvre un univers de connaissances, de la récolte à la fermentation, jusqu'à la maturation. L'apprentissage est une aventure qui s'ouvre à quiconque en a la volonté.

Et tu emportes un peu de chacun dans ton sac de voyage, n'est-ce pas?
Absolument. Et je peux aujourd'hui affirmer avec conviction qu’on ressent toujours la même excitation qu'au premier jour et ce même si on essaie d’un peu mieux maîtriser le frisson de l'incertitude face aux décisions. Pourquoi? Parce que nous sommes toujours en quête de l'excellence. On aspire à ce que les gens ressentent de la joie, qu'ils reviennent sans cesse vers la marque, et qu'ils en tombent amoureux, à chaque fois. C'est une pression bienvenue, une motivation à se dépasser. Ma mission est de donner le meilleur de moi-même, à chaque instant.

Bien sûr. Mais il y a des limites, n'est-ce pas? Après tout, le tabac est une plante capricieuse, on ne peut pas la contrôler comme on le ferait avec n'importe quelle autre chose.
C'est vrai, on ne peut pas tout maîtriser. Imagine: près de 300 personnes, soit 600 mains, sont impliquées dans un seul et même processus. On peut espérer que chacun donnera le meilleur de soi.
Personne ne peut garder un œil sur chaque petit détail. Mais il faut garder un œil vigilant et vérifier les points clés, sans relâche. C'est la clé pour préserver l'harmonie. Parce qu'on s'attend à retrouver la même qualité exquise à chaque ouverture de caisse, comme une bouteille de vin qui nous a enchanté le mois dernier.
Les aficionadas et aficionados se réjouissent à chaque fois de revivre l'émotion de leur première bouffée. C'est pourquoi je goûte toujours mes blends, car un Master Blender digne de ce nom doit d'abord être un explorateur curieux, prêt à chaque nouvelle aventure gustative. C'est la clé pour garantir une constance et une qualité irréprochables, jour après jour. Au Nicaragua, nous sommes le prolongement naturel de VILLIGER en Allemagne et en Suisse. Il n'y a aucune différence.

Et par où commence ton aventure professionnelle? Avec du tabac déjà fermenté, ou peut-être même avant que la magie opère?
Notre aventure ne commence pas à l'achat d'une feuille, mais avec le cœur des gens. Il faut convaincre les agriculteurs, les fermenteurs et les contrôleurs qualité, ils doivent tous comprendre que leur contribution fait partie d'un grand tout. 
Lorsqu'un producteur de tabac privilégie la quantité à la qualité, la différence se révèle au moment de savourer le cigare. Cela peut, par exemple, affecter les arômes, voire même la combustion. On s'en rend compte au plus tard en fumant. C'est pourquoi il faut le convaincre de faire les choses comme il se doit dès le départ.

Tabakplantage Nicaragua

Il en va de même pour la fermentation: certains cherchent à faire des économies et à gagner du temps, mais la qualité en pâtit. Il faut donc déployer tous les efforts pour convaincre. Nous avons heureusement brillé d’une réussite éclatante au Nicaragua! 
Nous sommes une jeune entité qui produit plus de deux millions de cigares par an. La qualité est l’un de nos engagements inébranlables. C'est pourquoi nous ne nous approvisionnons qu'auprès de producteurs de tabac que nous connaissons personnellement et qui partagent notre passion pour l'excellence. L'idée est donc de rassembler tout le monde autour d'une même table.

C'est une responsabilité immense, n'est-ce pas?
Oui. Notre manufacture au Nicaragua est le cœur battant qui nourrit 60 à 70 familles. Si nous réussissons, nous prospérerons tous. C'est notre mission, notre engagement. 
Nous donnons le meilleur de nous-mêmes, car nous savons que l'union fait la force. En Allemagne, en Suisse et partout ailleurs, notre réputation nous précède. Et nous, ici, nous faisons confiance à l'expertise de nos équipes de production. Ce n'est pas une simple machine qui fait le travail, mais une symphonie de persuasion, de collaboration et d'artisanat. Les cigares sont plus qu’un produit. Ils font partie d’une structure sociale.

Pour conclure, quel est message clef que tu souhaiterais partager?
Je veux révéler la flamme authentique qui anime notre passion pour le tabac. Nous, nicaraguayens, sommes souvent très modestes, tout comme les allemands et les suisses. Les cubains et les espagnols laissent libre cours à leur passion, avec une franchise qui en dit long. C'est pourquoi je le dis haut et fort: nous devons crier notre amour pour ce que nous faisons, et notre attachement profond aux traditions familiales qui nous sont chères.
Car les cigares sont bien plus qu'un simple produit. Ils s'inscrivent dans une véritable aventure humaine: de la graine qui germe, aux mains des agriculteurs, en passant par la magie de la fermentation, la transformation artisanale, jusqu'à l'arrivée en magasin, où ils prennent vie. Des centaines de familles en vivent, du Nicaragua à la République dominicaine, en passant par l'Allemagne, la Suisse et même l'Indonésie. Nous sommes une famille mondiale, unie par des valeurs et des traditions qui nous définissent.
Et les cigares, véritables trésors artisanaux, offrent en fin de compte souvent un bénéfice bien plus précieux que le cacao ou le café aux gens, car ils sont le fruit d'un savoir-faire humain unique qui ne peut pas être remplacé par les machines. 
C'est pourquoi je souhaite que chacun prenne conscience que nous partageons un héritage qui remonte à l'époque de Christophe Colomb en Amérique. Le tabac est l'âme de notre culture, le souffle de notre vie, et le lien qui unit nos familles.

Un petit avant-goût: plongez au cœur de la création du blend parfait dans notre prochain blog de décembre et découvrez le cigare que Yasserth considère comme le meilleur au monde. À ne pas manquer!

Lire l’histoire suivante

Heinrich Villiger: une vie pour le cigare, un héritage pour des générations

World of Cigars & Cigarillos

Quand êtes-vous né(e)?

x

Les cigares et zigarillos sont des produits excitants pour les adultes. Pour pouvoir utiliser ce site, vous devez avoir 18 ans ou plus.
En accédant à ce site, vous acceptez nos Conditions générales, notre Politique de confidentialité et notre Politique sur les cookies.

Vous en voulez plus. Découvrez le login VILLIGER.

Vous en voulez plus. Découvrez le login VILLIGER.

Avant de poursuivre, pouvez-vous nous dire quand vous êtes né(e)?

Les cigares et zigarillos sont des produits excitants pour les adultes. Pour pouvoir utiliser ce site, vous devez avoir 18 ans ou plus.
En accédant à ce site, vous acceptez nos Conditions générales, notre Politique de confidentialité et notre Politique sur les cookies.